Article: Recherche appliquée
Recherche appliquée
Pourquoi des recherches?
Pur Noisetier s’est inspirée de la tradition amérindienne et a développé pour la commercialisation les colliers et bracelets en bois de noisetier pour leurs dits « effets bénéfiques » pour soulager plusieurs symptômes ou malaises chez toute la famille. Les témoignages de clients satisfaits ne cessant d’affluer, en 2009, les propriétaires Geneviève et Patrick ont souhaité démarrer un programme de recherche scientifique visant à mieux comprendre leur produit et à obtenir des preuves scientifiques de son efficacité sur la santé humaine.
Premier programme de recherche : 2009-2011, Université Laval
Les propriétaires de Pur Noisetier abordent les chercheurs du Centre de Recherche sur le Bois de l’Université Laval afin de lancer leur premier programme de recherche. Les questions posées par Geneviève et Patrick aux chercheurs de l’Université étaient « Que contient le bois de noisetier utilisé pour la fabrication du collier? Quelles sont les propriétés des composés présents dans le bois qui pourraient apporter les premiers éléments de preuve de son potentiel thérapeutique? »
Le projet de recherche est alors pris en charge par la Dre Mariana Royer, spécialisée dans les extraits forestiers et à cette période, en stage postdoctoral au sein du laboratoire de chimie du bois à l’Université Laval.
A- D’abord des hypothèses
Avant d’orienter le travail en laboratoire, les chercheurs font alors des hypothèses de départ basées :
1- Sur l’utilisation traditionnelle
2- Sur l’utilisation courante du produit par la clientèle de Pur Noisetier
3- Sur la revue de littérature
1- L’utilisation traditionnelle :
Les premières revues de littérature permettent de récolter plusieurs données sur une utilisation traditionnelle intensive du noisetier, Corylus cornuta par les Amérindiens. Ce sont les premières indications d’un potentiel thérapeutique du bois de cette essence, en particulier des branches et ramilles.
Selon les données ethnopharmacologiques, il apparaît clairement que les branches, ramilles ou écorce du noisetier (Corylus cornuta) sont les parties de l’arbuste ayant été utilisées largement pour leurs propriétés médicinales. L’utilisation traditionnelle donne des indications permettant de guider les hypothèses scientifiques.
2- L’utilisation courante par les clients de Pur Noisetier
Les chercheurs ont analysé les archives de témoignages reçus de clients par Pur Noisetier pour récolter des informations qui pourraient les guider dans leur travail en laboratoire sur le bois de noisetier.
Ils ont relevé que :
-Selon l’utilisation courante faite par les habitués des produits Pur Noisetier, le bois de noisetier est porté en permanence au contact de la peau pour pouvoir en ressentir les « effets de soulagement des symptômes » au bout de quelques heures ou quelques jours (dépendamment des témoignages).
-Selon les témoignages, le collier ou bracelet doit être changé au bout d’un certain temps semblant perdre sa dite « efficacité thérapeutique », les symptômes réapparaissant alors.
Selon les données de la littérature scientifique, plusieurs des symptômes cités par les clients des colliers ou bracelets Pur Noisetier peuvent être directement liés au stress oxydant et aux processus inflammatoires. Plusieurs travaux ont démontré l’implication du stress oxydant et par conséquent, des espèces réactives oxygénées ou nitrogénées (ROS/RNS) dans le développement des maladies cardio-vasculaires [5], [6]; des maladies pulmonaires [7], [8]; des ulcères gastriques [9], [10], [11]; des maladies de peau telles que le psoriasis [12], [13]; l’eczéma [14]; l’acné [15]; ou encore des problèmes arthritiques [16], [17], [18].
Dans ces pathologies, les espèces réactives (radicaux libres) impliquées dans les processus inflammatoires sont responsables de la dégénérescence et de réactions en chaîne.
3- La revue de littérature sur l’espèce Corylus cornuta, sa composition chimique et ses propriétés
Lorsque les chercheurs ont commencé leur investigation sur l’espèce Corylus cornuta dans les bases de données scientifiques, ils se sont vite rendu compte que très peu d'études phytochimiques ou pharmacologiques portant sur le Corylus cornuta existaient à ce jour. Cette essence largement utilisée traditionnellement est donc mal connue des scientifiques.
Une revue exhaustive de la littérature montre que seuls les auteurs McCune et Johns [19], [20], [21] s’y sont intéressés au cours d’une étude globale sur 35 plantes médicinales de la forêt boréale utilisées par les populations autochtones de l'Est du Canada pour traiter plusieurs symptômes du diabète. Ils ont alors démontré la forte capacité antiradicalaire/antioxydante des extraits de branches et d’écorces du Corylus cornuta, en particulier leur capacité à piéger les radicaux superoxydes et peroxyles impliqués dans le stress oxydant et les processus inflammatoires. Ces auteurs ont par ailleurs prouvé que les extraits du Corylus cornuta avaient la plus grande activité antiradicalaire parmi les autres plantes. Corylus cornuta avait été choisi pour cette étude car traditionnellement, les auteurs avaient relevé qu’il était utilisé pour traiter des symptômes tels que la diarrhée, les douleurs à la poitrine (désordres cardiaques) et les yeux endoloris.
B- Ensuite des objectifs
Les chercheurs ont pu alors déterminer des objectifs de recherche. Les recherches effectuées à l’Université Laval de 2009 à 2011 ont eu pour objectifs de :
1- déterminer la composition chimique en polyphénols des lots de ramilles de Corylus cornuta utilisées pour fabriquer les bijoux.
NB : Les polyphénols sont reconnus pour leurs nombreuses propriétés biologiques et en particulier leurs propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires [22], [23], [24], [25]. Ces composés ont donc été ciblés pour choisir les méthodes d’extraction.
2- effectuer un large criblage de la bioactivité de divers extraits des ramilles utilisées pour fabriquer les colliers/bracelets : mesure de l’activité antioxydante, antiradicalaire, antibactérienne, antifongique, anti-enzymatique (vieillissement de la peau, diabète).
NB : Les activités sont mesurées sur 7 extraits différents en in vitro uniquement.
3- Cibler la méthode d’extraction optimale des composés bioactifs, les polyphénols.
4- Évaluer de façon préliminaire le potentiel anti-inflammatoire et la toxicité sur cellules de peau de l’extrait de noisetier bioactif.
5- Effectuer les premiers essais de variabilité de la matière première (saison de récolte, couleurs, dimensions etc.) en vue de la standardisation des méthodes de fabrication des produits en bois de noisetier.
Les résultats obtenus à l’Université Laval ont apporté de nombreuses informations à la compagnie Pur Noisetier sur les propriétés des extractibles contenus dans les ramilles de noisetier utilisées pour fabriquer le collier/bracelet. Ceci a non seulement mis l’accent sur un réel potentiel du bois de noisetier mais a ouvert de nouvelles voies de développement à la compagnie qui n’avait jamais considéré avant ces recherches, l’ampleur des possibilités d’applications possibles des extraits pouvant être obtenus à partir des résidus de fabrication des colliers/bracelets, dans un concept d’écovalorisation.
C- Puis des PREMIERS résultats
Les résultats obtenus de ce premier programme de recherche fondamentale ont été en partie publiés [26] et ont permis de mettre en évidence :
- La composition riche en polyphénols des extraits de ramilles de noisetier.
- Une forte activité antioxydante/antiradicalaire des polyphénols obtenus par les diverses méthodes d’extraction.
- Une forte activité contre les enzymes responsables du vieillissement de la peau.
- Un potentiel antimicrobien du principe actif de l’extrait.
- L’identification de plusieurs composés d’intérêt dans l’extrait de noisetier le plus bioactif dont l’acide salicylique*, molécule à partir de laquelle a été synthétisée l’Aspirine®.
*L’acide salicylique est connu pour ses propriétés anti-inflammatoires et analgésiques. Cependant, les résultats de l’analyse de la composition chimique complexe de l’extrait bioactif des ramilles de noisetier suggèrent que l’acide salicylique présent dans les ramilles n’est pas à lui seul responsable de l’activité anti-inflammatoire observée. Cet extrait de ramilles est en effet riche en divers composés qui agissent en synergie.
Ces résultats ont donc mis en évidence la présence de composés bioactifs extractibles dans les ramilles du noisetier utilisées pour fabriquer les bijoux en bois de noisetier mais ne donnaient aucune indication sur le mécanisme d’action du collier/bracelet en tant que tel. Cependant, ils ouvraient la porte à Pur Noisetier au développement de nouveaux produits à base d’extraits riches en composés bioactifs antioxydants et anti-inflammatoires.
D- La recherche continue, Pur Noisetier en biotechnologie
Ces résultats ont encouragé Pur Noisetier à continuer d’investir dans la recherche et à créer en 2011 son propre département R&D dirigé par la Dre Mariana Royer. Depuis, le programme de recherche de Pur Noisetier est en partie subventionné par des organismes gouvernementaux et l’entreprise poursuit ses démarches avec des experts des produits naturels sur plusieurs plateformes développées par des centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) tels que TransBiotech, Lévis, Québec et des institutions de recherche privées.
La R&D proposée à Pur Noisetier vise:
1) à comprendre et expliquer scientifiquement le transfert des propriétés des ramilles de noisetier des colliers et bracelets via la peau et améliorer l’efficacité des produits en maîtrisant les caractéristiques et la variabilité de la matière première.
2) à évoluer en développant de nouveaux produits de haute qualité à base d’extrait bioactif obtenu à partir des ramilles de noisetier résiduelles de la fabrication des colliers.
En février 2013, Pur Noisetier a été nominé finaliste du concours Innovation Chimie verte organisé par le Centre Québécois de Valorisation des Biotechnologies.
RÉFÉRENCES
[1] Arnason T, Hebda RJ, Johns T. Use of plants for food and medicine by Native Peoples of eastern Canada. Can J Bot. 1981;59:2189-325.
[2] Moerman D, editor. Medicinal Plants of Native America: University of Michigan Museum of Anthropology; 1986.
[3] Erichsen-Brown C. Medicinal and other uses of North American plants : a historical survey with special reference to the eastern Indian tribes. New York: Dover Publications; 1989.
[4] Smith HH. POTAWATOMI MEDICINES.
[5] Huang C-H, Chen H-W, Tsai M-S, Hsu C-Y, Peng R-H, Wang T-D, et al. Antiapoptotic Cardioprotective Effect of Hypothermia Treatment Against Oxidative Stress Injuries. Acad Emerg Med. 2009;16(9):872-80.
[6] Lee Y, Gustafsson AB. Role of apoptosis in cardiovascular disease. Apoptosis. 2009;14(4):536-48.
[7] Martinez-Cayuela M. Oxygen free radicals and human disease. Biochimie. 1995;77(3):147-61.
[8] Menzel DB. Antioxidant Vitamins and Prevention of Lung Disease. Ann N Y Acad Sci. 1992;669(1):141-55.
[9] Das D, Bandyopadhyay D, Bhattacharjee M, Banerjee RK. Hydroxyl Radical is the Major Causative Factor in Stress-Induced Gastric Ulceration. Free Radic Biol Med. 1997;23(1):8-18.
[10] Das D, Bandyopadhyay D, Banerjee RK. Oxidative Inactivation of Gastric Peroxidase by Site-Specific Generation of Hydroxyl Radical and Its Role in Stress-Induced Gastric Ulceration. Free Radic Biol Med. 1998;24(3):460-9.
[11] Oh T-Y, Lee J-S, Ahn B-O, Cho H, Kim W-B, Kim Y-B, et al. Oxidative damages are critical in pathogenesis of reflux esophagitis: implication of antioxidants in its treatment. Free Radic Biol Med. 2001;30(8):905-15.
[12] García-Pérez M-E, Royer M, Duque-Fernandez A, Diouf PN, Stevanovic T, Pouliot R. Antioxidant, toxicological and antiproliferative properties of Canadian polyphenolic extracts on normal and psoriatic keratinocytes. J Ethnopharmacol. 2010;132(1):251-8.
[13] García-Pérez ME, Royer M, Herbette G, Desjardins Y, Pouliot R, Stevanovic T. Picea mariana bark: a new source of trans-resveratrol and other bioactive polyphenols. Food Chemistry. 2012;135(3):1173-82.
[14] Maccarrone M, Catani MV, Iraci S, Melino G, Agrò AF. A survey of reactive oxygen species and their role in dermatology. J Eur Acad Dermatol Venereol. 1997;8(3):185-202.
[15] Akamatsu H, Horio T. The Possible Role of Reactive Oxygen Species Generated by Neutrophils in Mediating Acne Inflammation. Dermatol Nurs. 1998;196:82-5.
[16] Schiller J, Fuchs B, Arnhold J, Arnold K. Contribution of Reactive Oxygen Species to Cartilage Degradation in Rheumatic Diseases: Molecular Pathways, Diagnosis and Potential Therapeutic Strategies. Curr Med Chem. 2003;10(20):2123-45.
[17] Cuzzocrea S. Role of Nitric Oxide and Reactive Oxygen Species in Arthritis. Curr Pharm Des. 2006;12(27):3551-70.
[18] Afonso Vr, Champy R, Mitrovic D, Collin P, Lomri A. Radicaux libres dérivés de l'oxygène et superoxydes dismutases dans les maladies rhumatismales. Revue du Rhumatisme. 2007;74(7):636-43.
[19] McCune, L. M., & Johns, T. (2002). Antioxidant activity in medicinal plants associated with the symptoms of diabetes mellitus used by the Indigenous Peoples of the North American boreal forest. Journal of Ethnopharmacology, 82(2-3), 197-205.
[20] McCune, L. M., & Johns, T. (2003). Symptom-Specific Antioxidant activity of Boreal Diabetes Treatments. Pharmaceutical Biology, 41(5), 362.
[21] Mc Cune, L. M., & Johns, T. (2007). Antioxydant activity relates to plant part, life form and growing condition in some diabetes remedies. Journal of Ethnopharmacology, 112, 461-469.
[22] Devaraj S, Vega-López S, Kaul N, Schönlau F, Rohdewald P, Jialal I. Supplementation with a pine bark extract rich in polyphenols increases plasma antioxidant capacity and alters the plasma lipoprotein profile. Lipids. 2002;37(10): 931-4.
[23] Nichols J, Katiyar S. Skin photoprotection by natural polyphenols: anti-inflammatory, antioxidant and DNA repair mechanisms. Arch Dermatol Res. 2010;302(2):71-83.
[24] Queen BL, Tollefsbol TO. Polyphenols and aging. Current Aging Science. 2010;3(1):34-42.
[25] Scalbert A, Manach C, Morand C, Rémésy C, Jiménez L. Dietary polyphenols and the prevention of diseases. Crit Rev Food Sci Nutr. 2005;45:287-306.
[26] Royer M, Stevanovic T. Study of Corylus cornuta Twig Extracts: Antioxidant, Radical Scavenging, Anti-Enzymatic Activities and Cytotoxicity Biotechnology for Wellness Industries. 2012;1(1):67-84.http://www.lifescienceglobal.com/pms/index.php/ijbwi/article/view/32